Charpentier Marc-Antoine, Musique pour la famille de Guise, « Le reniement de Saint-Pierre »

Marc-Antoine Charpentier est né en 1643, en Île-de-France.
En 1665, il part à Rome où il côtoie Giacomo Carissimi, réputé pour ses œuvres sacrées, dont il devient l’élève.
En 1670, revenu à Paris, Il se met au service de Marie de Lorraine, dite Mademoiselle de Guise, ainsi que d’Élisabeth d’Orléans, dite Madame de Guise.
En 1672, Molière demande à Charpentier de remplacer Lully pour assurer la partie musicale de ses comédies-ballets, ce qu’il fait jusqu’à la mort de Molière en 1673.
Jusqu’en 1686, Il continue de travailler avec la Troupe du roi, qui devient en 1682 « la Comédie Française »,
A partir de 1679, Il est chargé de composer la musique religieuse pour le Dauphin.
Dans les années1680, il reçoit des commandes des couvents de religieuses comme l’Abbaye-aux-Bois ou Port-Royal de Paris, pour lesquels il compose entre autres les « leçons de ténèbres ».
En 1688, après le décès de Mademoiselle de Guise, il est employé par les jésuites et devient maître de musique du collège Louis-le-Grand, rue Saint-Jacques, puis de l’église Saint-Louis, rue Saint-Antoine.
En 1698, Charpentier est nommé maître de musique des enfants de la Sainte-Chapelle du Palais, l’une des institutions les plus importantes de la capitale avec Notre-Dame de Paris.
Marc-Antoine Charpentier meurt le 24 février 1704 dans sa maison de la Sainte-Chapelle.

Louis Le Nain, La reniement de Saint-Pierre

Chacun des quatre Évangiles rapporte qu’après l’arrestation de Jésus, l’apôtre Pierre, par peur de risquer lui aussi la mort, nia trois fois avoir eu aucune relation avec celui-ci. Puis, lorsque le coq chanta, Pierre sortit et pleura amèrement, au souvenir de l’annonce que le Christ lui avait faite de cette lâcheté : « Et Jésus dit : Pierre, je te le dis, le coq ne chantera pas aujourd’hui que tu n’aies nié trois fois de me connaître […] Après avoir saisi Jésus, ils l’emmenèrent, et le conduisirent dans la maison du souverain sacrificateur. Pierre suivait de loin.Ils allumèrent du feu au milieu de la cour, et ils s’assirent. Pierre s’assit parmi eux.Une servante, qui le vit assis devant le feu, fixa sur lui les regards, et dit : Cet homme était aussi avec lui.Mais il le nia disant : Femme, je ne le connais pas.Peu après, un autre, l’ayant vu, dit : Tu es aussi de ces gens-là. Et Pierre dit : Homme, je n’en suis pas.Environ une heure plus tard, un autre insistait, disant : Certainement cet homme était aussi avec lui, car il est Galiléen.Pierre répondit : Homme, je ne sais ce que tu dis. Au même instant, comme il parlait encore, le coq chanta.Le Seigneur, s’étant retourné, regarda Pierre. Et Pierre se souvint de la parole que le Seigneur lui avait dite : Avant que le coq chante aujourd’hui, tu me renieras trois fois.Et étant sorti, il pleura amèrement. »

L’admirable et poignant Reniement de saint Pierre offre des pages d’une haute éloquence, où l’expression pathétique atteint à son maximum. Charpentier excelle dans la peinture de la passion ; Le Reniement de saint Pierre caractérise parfaitement le style dramatique et incisif de Charpentier ; la scène où Pierre renie son maître et sa déploration finale peuvent être rapprochées des plus nobles inspirations de Carissimi.