André Raison, l’un des plus importants organistes du règne De Louis XIV, le Roi Soleil aurait vécu de 1650 à 1719. Originaire de Meaux, il étudie au séminaire de l’abbaye Sainte-Geneviève, dont il sera l’organiste titulaire de 1666 à la fin de ses jours. Il aura entre-temps pris la charge de la tribune du grand couvent et collège des Jacobins de la rue Saint-Jacques. Figurant parmi les maîtres de première classe auprès de Louis Marchand, François Couperin et Nicolas de Grigny, et sa renommée dépassera les frontières, Jean-Sébastien Bach empruntera au Trio en Passacaille du 2ème ton le début du thème de sa propre Passacaille et thème fugué en ut mineur de 1716. Ses deux livres d’orgue, parus en 1688 et 1714 sont les seules illustrations de son grand talent de compositeur parvenus jusqu’à nous, mais l’on sait, et son écriture légère et très ornementée en témoigne, qu’il était également claveciniste : un inventaire après décès mentionne « un grand clavecin de bois de noyer posé sur un châssis de bois de noyer à colonnes torses.» En outre, il déclare que l’Offerte du cinquième ton concluant son premier livre « se peut toucher sur le clavecin. »
Bien qu’André Raison soit toute sa vie resté fidèle à son abbaye de Sainte-Geneviève, sans s’approcher de la Chapelle royale ni de la Cour versaillaise, l’influence lulliste transparait dans son Vive le Roy des Parisiens, fastueux carrousel à la gloire du monarque faisant son entrée à l’Hôtel de ville de Paris le 30 janvier 1687.
Récit de cette journée du 30 janvier 1687, que fit le Marquis de Dangeau dans son journal.
« Le roi partit d’ici à dix heures; il avoit dans son carrosse Monseigneur, madame la Dauphine, Monsieur, Madame, la grande Mademoiselle et madame la grande Duchesse. M. de Chartres et la petite Mademoiselle attendirent le roi à la maison de ville. S. M. alla entendre la messe à Notre-Dame, et ne voulut point qu’il y eut des soldats en haie dans les rues, afin que le peuple eût plus de liberté; on n’en mit qu’à NotreDame et à la maison de ville, afin que les carrosses pussent approcher sans embarras. De Notre-Dame, le roi alla à la maison de ville, où on lui donna un dîner magnifique; il y avoit cinquante-cinq couverts. Tous les princes du sang, les enfants du roi et toutes les dames qui avoient suivi, mangèrent avec le roi. Le prévôt des marchands le servit à table. Sa femme servit madame la Dauphine, et, le soir même, elle tomba en apoplexie. Jamais roi n’avoit dîné à la maison de ville; il y avoit quelques exemples qu’ils y avoient fait collation, et le roi lui-même y avoit été en 1648 et en 1653, et, au bal, il avoit fait danser madame le Féron, femme du prévôt des marchands de ce temps-là. Le peuple de Paris a témoigné la plus grande joie du monde de voir le roi; toutes les boutiques ont été fermées, des feux de joie partout la nuit, et beaucoup de fontaines de vin tout le jour. Au sortir de la maison de ville, le roi a passé à la place des Victoires, il y a mis pied à terre, il a fort examiné la statue de M. de la Feuillade, ensuite il est entré chez lui; madame la Dauphine y entra aussi, et, de dessus un balcon, a jeté de l’argent au peuple. De la place des Victoires, le roi a passé à la place de Vendôme, qui sera très-magnifique; il y a mis pied à terre aussi, et à cinq heures nous sommes repartis de Paris, et avons trouvé sur le chemin jusqu’à Sèvres beaucoup de fusées volantes, et, au bout du pont de Sèvres, une illumination très-agréable et un beau feu d’artifice. C’est M. de la Feuillade qui a donné ce régal-là au roi sur son chemin. Le soir, à Paris, il y a eu un grand bal à la maison de ville, où M. de Chartres et Mademoiselle sa sœur sont allés. — Le soir ici, au retour de Paris, il y eut appartement. »