BOUZIGNAC, GUILLAUME

Originaire de l’Aude, il fait ses classes à la maîtrise de la cathédrale de Narbonne où vont se révéler ses qualités de compositeur. Puis sa carrière musicale l’emmène à Angoulême, Grenoble, Bourges, Rodez, Montauban, Clermont-Ferrand. Cette carrière itinérante va l’enrichir auprès de formations musicales ou écoles qui l’aideront à forger son écriture musicale propre.

Il emploie des doubles chœurs, des passages homophoniques au rythme mesuré à l’antique, des petites cellules rythmiques répétées pour souligner l’emploi d’un mot… Les lignes mélodiques, les oppositions rythmiques d’une voix à l’autre, des contrastes entre soli et chœur soulignent souvent l’intention du texte. Cette manière peut être considérée comme innovante et moderne, passant du style du XVIème siècle (où toutes les voix sont équivalentes) au style baroque, où une voix – généralement le superius – acquiert son autonomie par rapport au reste du chœur.

Quelques oeuvres, données au concert Réforme – contre-réforme.

Ecce Festivitas Amoris

Ecce festívitas amóris, ergo dies lætítiæ et lacrimárum.
Datur Corpus Christi, ergo dies lætítiæ.
Recólitur pœnas. Ecce memória Passiónis.
O amor ! O dolor ! Pavésco ! Stupésco !
Ecce dies lætítiæ. O mel dulcis !
Ecce memória Passiónis.
O lactúca amára !
Hæc admirátio non parit verbum sed siléntium.
Ecce festívitas amóris, ecce memória Passiónis.
Voici la fête de l’amour, c’est donc un jour de joie et de larmes.
Le Corps du Christ nous est donné, c’est donc un jour de joie.
Nous nous souvenons des peines. Voici la mémoire de la Passion.
O amour ! O douleur ! Je crains ! Je suis stupéfait !
Voici le jour de joie. O miel doux !
Voici la mémoire de la Passion.
O Laitue amère !
Cette stupéfaction n’engendre pas de parole, mais le silence.
Voici la fête de l’amour, voici la mémoire de la Passion.

Ha ! Plange Filia Jerusalem

Ha ! Plange ! Filia Jerusalem !
Virgo filia Sion !
En manus, en pedes, en latus,
en corpus crudeli lancea perforatum !
O amor, O dolor!
Horrescunt sidera
tristantur omnia, natura deficit.
Ha, plange, filia Jerusalem !
Virgo filia Sion !
Ha, pleure, fille de Jérusalem !
Vierge fille de Sion.
Regardez les mains, regardez les pieds, regardez le côté,
regardez le corps,
transpercé par la lance cruelle !
Ô amour, ô douleur !
les étoiles tremblent, tout pleure, la nature défaille.
Ah ! Pleure ! Fille de Jérusalem !
Vierge, fille de Sion

Tu Quis Est ?

Tu quis es ?
Ego vox clamantis in deserto.

Tu quis es ?
Non sum Christus

Tu quis es ? Helyas es tu ? –
Non
– Propheta es tu ? –
Non

– Quid dices de te ipso ?

Tu quis es ?
Ut responsum demus his qui misérunt nos.

Cur ergo baptizas ? Si non es Christus, ne que Helyas,
neque Propheta ?

Ego vox clamantis in deserto

Qui es-tu ?
Je suis la voix de celui qui crie dans le désert.

Qui es-tu ?
Je ne suis pas Christ

Qui es-tu ? es-tu Elie ? –
Non
– Es-tu le prophète ? –
Non

– Que dirais-tu de toi-même ?

Qui es-tu ?
Afin que nous donnions une réponse à ceux qui nous ont envoyés.

Pourquoi donc baptises-tu ?
Si tu n’es ni le Christ, ni Elie, ni le prophète ?

Je suis la voix de celui qui crie dans le désert.

Ex ore infantium (De la bouche des enfants)

Ex ore infantium perfecisti laudem,
Non loquendo sed moriendo

Perfecisti laudem nascente Domino.
Terra, caelum, pastores, Angeli, reges,
innocentes, Herodes, Jerosolyma,
omnia turbantur.

Terra ? – dat Bethlehem.
Caelum ? – dat stellam.
Pastores ? – rustica dona.
Angeli ? – cantant gloriam.
Reges ? – adorant.
Innocentes ? – dant vitam.
Herodes ? – crudelitatem.
Hierosolyma ? – dabit mortem.
Omnia turbantur.

Ex ore innocentium perfecisti laudem.

Ubi nascetur Christus? – in Bethlehem.
Occidite! – o crudelis.
Pugnabat mater, pugnabat carnifex,
ista tenebat, iste trahebat.
Latro, occide matrem! – alia dicebant.
Veni, Salvator! Videat te miles, non occidat infan-
tes! – alia clamant.
Omnia turbantur.

Ex ore infantium perfecisti laudem.

Verum, o Ludovice, o Rex Franciae,
Anglos superando, Rupellenses obsidendo.
Ex ore infantium perfecisti laudem

Tu as obtenu la louange de la bouche des enfants, Non pas
en parlant, mais en mourant.

Tu as obtenu la louange à la naissance du Seigneur.
Terre, ciel, bergers, anges, rois, innocents,
Hérode, Jérusalem,
Tout est bouleversé.

La terre ? – elle donne Bethléem.
Le ciel ? – il donne l’étoile.
Les bergers ? – les dons de la campagne.
Les anges ? – ils chantent la gloire.
Les rois ? – ils se prosternent.
Les innocents ? – ils donnent leur vie.
Hérode ? – la cruauté.
Jérusalem? – elle donnera la mort.
Tout est bouleversé.

Tu as obtenu la louange de la bouche des innocents.

Où le Christ naîtra-t-il ? – à Bethléem.
Tue-le ! – ô cruel.
La mère se battait, le bourreau se battait,
celle-là tenait, celui-là tirait.
Mercenaire, tue la mère ! – disaient certains.
Viens, Sauveur ! Que le soldat te voie,
qu’il ne tue pas les enfants ! – crient les autres !
Tout est bouleversé.

Tu as obtenu la louange de la bouche des enfants.

Il est vrai, ô Louis, roi de France,
En battant les Anglais, en assiégeant La Rochelle,
Tu as obtenu la louange de la bouche des enfants.