Au début du XVIIe s’affrontent protestants et catholiques. Or la musique va jouer un rôle singulier. Certes, elle exprimera les passions et croyances, mais dans une esthétique musicale nouvelle.
Ce concert a conduit à interpréter d’étonnantes polyphonies à trois, quatre ou six voix avec solistes, pièces d’une grande intensité : premières pierres du baroque.
- Paschal de l’Estocart : Octonaires de la vanité du monde (Lire la notice).
- Guillaume Bouzignac : Ecce Festivitas Amoris ; Ha ! Plange Filia Jerusalem ; Tu Quis Est ? ; Ex Ore Infantium (Lire la notice).
- Henri du Mont : Magnificat du second ton ; Salve Maria
- Marc-Antoine Charpentier : Salve Regina à trois voix pareilles ; Canticum ad Beatam Virginem Mariae, H. 400.
L’évolution musicale au temps de la Réforme – Contre-réforme
Musique et histoire
Le programme du Concert Réforme / Contre-Réforme couple musique histoire. En effet la musique rend compte de ce moment peu connu de l’Histoire de France. Musique exceptionnelle qui n’a été ensuite que très rarement jouée. Ces œuvres musicales intéressent une période qui commence grosso modo sous le règne de Louis XIII et se poursuit jusqu’à la naissance de la grande musique française sous Louis XIV.
Or les évolutions sur cette période seront considérables.
Encore au début du XVI e siècle, dans l’Église catholique, la musique religieuse était chantée en latin dans le chœur de l’église par des religieux. Les réformateurs – à commencer par Luther – ont voulu rendre la musique au peuple, c’est-à-dire faire chanter l’ensemble des fidèles. Aussi le chant d’Église va-t-il subir de nombreuses transformations au niveau des textes et de la musique.
Les textes et la musique
Faire chanter l’assemblée des fidèles, conduit à traduire mais aussi adapter les textes pour être chantés. Quels textes ? D’abord les fameux chorals dits luthériens. Mais aussi des transcriptions des psaumes et également des compositions nouvelles s’inspirant de la Bible. Car le culte réformé est centré sur la gloire de Dieu que soutiennent ces musiques créatrices.
Mais ces nouvelles pratiques, à l’image des autres querelles dogmatiques divisant protestants et catholiques, vont susciter des remous dans les églises. Remous que les décrets du Concile de Trente ne pourront pas toujours endiguer, à l’exemple de celui édictant que «
prêtres et évêques banniront de leurs églises toutes sortes de musiques dans lesquelles il se mêle quelque chose de lascif ou d’impur ».
Comment normer ces libertés dans le contexte rigoriste et scrupuleux de la Réforme ?
Polyphonies et lyrisme
A ce stade se manifesta l’influence de la création poétique, non pas celle des Ronsard – catholique – ou Agrippa d’Aubigné – protestant – entretenus par la Cour, mais celle d’une multitude de poètes occasionnels, peu connus voire anonymes. Ils s’exprimèrent avec autorité en une parole souvent lyrique et fervente. Cet esprit se transporta alors dans des textes mis en musique. Celle-ci y ajoutant sa force artistique et sa puissance émotionnelle. Ce « style » exprimera à merveille cette sensibilité nouvelle exacerbée par les croyances diverses qui se croisent au gré des œuvres et des compositeurs.
Il faudra plusieurs siècles pour que l’on s’intéresse – au-delà des chants de la Renaissance – à ces musiques entre XVIe et XVIIe, nombreuses, diffuses et généreuses. Que l’on se soucie d’en dégager les compositeurs principaux. Qu’on les édite. Qu’on chante leurs polyphonies. Le Concert donné par l’Ensemble vocal Ambiani s’enracine dans cette redécouverte, pour la musique et pour l’Histoire.